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Association du patrimoine de Beaufou
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Les enfants martyrs

PAR L'ABBÉ FAUCHERON, CURÉ DE BEAUFOU...

A la Remaudière et autres villages réunis, tout le monde avait fui. Les maisons, du reste, avaient été saccagées deux mois auparavant. Mais trois petits imprudents d'enfants s'y firent prendre. On ne sait comment, échappant à leurs parents, ils s'approchèrent pour voir passer la troupe. Ils furent bien punis de leur curieuse témérité. Ces barbares se firent un jeu de les épouvanter.

On les menaça de leur couper la tête, de les fusiller, de les faire rôtir, de les enterrer tout vivants. On voulut les faire jurer, blasphémer contre le bon Dieu.

- Jure, crie avec colère un officier au plus jeune, âgé de huit ans, et je t'emmènerai avec moi.

-Non, m'sieu ! répond en tremblant le pauvre petit, qu'un coup de pied violent envoie aussitôt rouler dans la boue.

Un soldat le relève avec sa baïonnette et le jette dans le buisson. En même temps, le plus âgé, douze ans, était traîné devant une petite croix, au milieu du bourg de la Charnière. On lui mettait dans la main un sabre : - Abats cette croix, lui crie-t-on, et on te fera grâce !

L'enfant saisit le sabre de ses deux mains, et puis, frappant un grand coup sur la pierre du piédestal, le casse en trois morceaux. Deux de ces forcenés tombent sur lui à coup de poings, à coups de pieds, puis ils le déshabillent, et, avec des ajoncs, lui font subir une flagellation sanglante. Le troisième enfant n'était pas moins torturé que ses camarades. Dans son épouvante, il avait tiré son chapelet de son gousset.

A la vue de cet objet bénit, un cri de rage infernale sortit de la bouche de ces démons. L'enfant, renversé par terre, foulé aux pieds, est tenu, étendu sur le dos, par trois soldats, pendant qu'un quatrième lui meurtrit le visage à grands coups de chapelet. Ces pauvres petits martyrs avaient d'abord poussé des cris, le plus jeune même avait appelé à son secours. A la fin, ils ne firent entendre aucun gémissement, soit par l'excès de la douleur, soit par une faveur du ciel, au point qu'un officier, les croyant morts, dit au bourreau de ne pas les achever si vite. Ces paroles inhumaines donnèrent une nouvelle activité au zèle atroce de ces cannibales.

- Prolongeons leur supplice ! crient-ils. Amusons-nous !

On relève les enfants étendus dans la boue et dans le sang. On déchire leurs vêtements ; aux arbres qui s'élèvent au haut du quaireux, on les suspend par un pied seulement. Dix bras aiguillonnés par la fureur déchargent des grands coups de courroies sur ces petits corps déjà tout meurtris. On hurle la Marseillaise, on blasphème, on trépigne, puis commence un supplice sans exemple. Vingt soldats, l'épée à la main, entourent chaque enfant ainsi suspendu à la branche de l'arbre. L'un lui abat une oreille, un autre les doigts de la main, un troisième coupe l'autre oreille. Chacun frappe à son tour. C'est la main qui tombe, puis le poignet, puis le coude, puis l'épaule. Le pied, le jarret, le genou, la jambe sont tour à tour tranchés, tout lentement, avec un raffinement de cruauté, et au cri cent fois répété de : "Vive la liberté !"

Un officier termine cette boucherie en enfonçant sa baïonnette dans le coeur encore palpitant. Un dernier coup de sabre abat les têtes, que deux femmes scélérates, qui suivaient les soldats, font rouler comme des boules le long du chemin...

Dès le commencement de ces barbaries, une patrouille était partie du côté de la Rélière et avait surpris, cachée dans un buisson, une femme avec ses deux petits garçons, âgés de quatre et dix ans.

Après avoir subi les plus grands outrages, cette malheureuse est hachée en morceaux à coups de sabre. Puis deux soldats, enfonçant leurs baïonnettes dans le corps des deux petits enfants, les emportent comme des fagots de bois sur leurs épaules, et, la pipe à la bouche, rentrent à la Charnière en ricanant des cris affreux poussés par les enfants. ...

 

 

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